QUEL BEAU TITRE !
La couverture est douce, l’image d’une maison cossue donne tout de suite envie d’entrer dans cette demeure et dans le roman aussi.
Le rêve d’Eleanor est de créer une famille. Cette jeune artiste achète une maison dans la campagne du New Hampshire où elle rencontre le séduisant Cam et, très vite, les enfants arrivent.
Comblée, Eleanor vit l’accomplissement de son rêve.
Très tôt laissée livrée à elle-même par des parents indifférents, elle est prête à tous les sacrifices pour ses enfants.
Elle crée une fratrie fantasque et vibrante d’énergie.Chacun des enfants développe sa personnalité sans beaucoup de limites. Créativité, imagination, la maison résonne des facéties de cette famille atypique.
Qu’importe si la passion dans le couple faiblit , leur tribu est plus importante que tout, surtout pour Eléanor. Elle ira loin dans l’abnégation pour sauver l’équilibre familial, au moment de la séparation. Trop loin ? Certainement ! Elle mentira pour sauver l’image du père. Certaines pages m’ont agacée, j’avais envie de secouer cette jeune femme comme on secoue une amie pour la mettre face à elle-même .
Dans ce roman bouleversant qui emporte le lecteur, des années 1970 à nos jours, Joyce Maynard relie les évolutions de ces personnages à celles de la société américaine : libération sexuelle, émancipation des femmes, émergence du mouvement Me’Too.
On s’attache à cette fratrie à la vie à la mort et on se questionne :
jusqu’où une femme, une mère peut ou doit aller par amour des siens ?
Peu importe les épreuves que cette mère doit traverser, elle trouvera sa force dans son énergie vitale et sauvera la cohésion familiale par dessus tout.
Une des particularités de ce magnifique roman, c’est qu’il place les enfants au premier plan en dépit de l’égo de chacun des adultes. A aucun moment elle ne pose de jugement moral, c’est comme ça et c’est tout.
Joyce Maynard adore analyser, décortiquer les liens familiaux avec bienveillance et empathie.
J’avais aussi beaucoup aimé d’elle « Les filles de l’ouragan », autre histoire familiale alambiquée.
Son écriture et son imagination rappellent certains romans de John Irving, un autre écrivain américain prolixe, à découvrir également.