Sidération : Anéantissement soudain des fonctions vitales, avec état de mort apparente, sous l’effet d’un choc émotionnel intense.
Dire toute mon admiration pour Richard Powers en quelques lignes, l’exercice est difficile.
Cet auteur, né en 1957 dans l’Illinois, est l’auteur de 13 romans. Il a obtenu le prix Pulitzer en 2019 pour son précédent ouvrage l’Arbre Monde.
Auparavant, je n’arrivais jamais au bout de ses livres, trop difficiles, trop denses voire confus je me perdais en route mais mon admiration ne faiblissait pas.
C’est bien les livres difficiles, de temps en temps, ça remet la littérature à sa vraie place.
J’aime quand la littérature nous questionne et nous fait avancer sur notre « chemin de vie ». J’aime la littérature qui nous éloigne du feel good et du prêt à penser.
Pour ce roman, Richard Powers a changé de traducteur et d’éditeur et son écriture devient fluide, beaucoup plus lisible, le propos qu’il défend devient clair et abouti. Ceci explique-t-il cela ?
Embarquons dans son dernier ouvrage. !
Depuis la mort de sa femme, Théo Byrne, un astro – biologiste, élève seul Robin, leur enfant de neuf ans. Attachant et sensible, le jeune garçon se passionne pour les animaux qu’il peut dessiner des heures durant. Mais il est aussi sujet à des crises de rage qui laissent son père démuni.
Pour l’apaiser, ce dernier l’emmène camper dans la nature ou visiter le cosmos. Chaque soir, père et fils explorent ensemble une exo – planète et tentent de percer le mystère de l’origine de la vie.
Le retour à la réalité est souvent brutal. Quand Robin est exclu de l’école à la suite d’une nouvelle crise, son père est mis en demeure de le faire soigner.
Au mal-être et à la singularité de l’enfant, les médecins ne répondent que par la médication. Refusant cette option,Théo se tourne vers un neurologue conduisant une thérapie expérimentale digne d’un roman de science-fiction. Par le biais de l’intelligence artificielle, Robin va s’entrainer à développer son empathie et à contrôler ses émotions.
Après quelques séances, les résultats sont stupéfiants.
La relation père – fils dans cette société américaine au bord du chaos est émouvante.
Pour tenter de sauver son fils, le père va devoir aller jusqu’au bout de ses convictions et même au-delà.
Ce roman m’a bouleversée.
La rencontre avec le neurologue qui conduit cette forme de thérapie expérimentale me remplit d’espoir pour soigner l’homme de ma vie qui souffre de la maladie de Parkinson.
J’ai eu envie en lisant ce prodigieux roman que cette thérapie digne d’un chef d’oeuvre de science fiction devienne un réel espoir et que la psychologie et les neurosciences se rencontrent et avancent encore plus ensemble.
R. Powers signe ici un roman magistral, une fable écologique.
Il questionne notre place dans l’univers et nous amène à reconsidérer nos liens avec le vivant.