Quel titre !

J’étais tout de suite intriguée.

Qui est cet homme assis sur un caillou au milieu d’une forêt ?

 

millionnaire_et_vagabondUn chapeau, une barbe, une photo floue, John Muir ! Dès la 4e de couverture j’entre dans son univers incroyable peuplé d’arbres géants, de cascades furieuses et de mystérieuses forêts.

John Muir est le créateur du parc du Yosemite aux Etats-Unis. Moi qui voyage souvent, par mes lectures, du Wyoming au Montana, je fus tout de suite aspirée par ce livre.

Une biographie magistrale et sensible pour parler de cet homme hors du commun.

« C’est l’homme le plus libre que j’ai jamais rencontré » disait de lui Théodore Roosevelt.

Né en Ecosse, une enfance picte comme se plaît à le souligner Alexis Jenni. Un père presbytérien fou de défendre ses valeurs telles que le travail et la prière. Quand John a 10 ans, toute la famille part aux Etats-Unis. Comme la plupart des colons, ils construisent une ferme. Chaque bras compte. Une adolescence encore plus rude, les travaux de la ferme tous les jours, du lever au coucher du soleil.

Pas de révolte, mais du rêve ! De l’émerveillement pour la nature qui l’entoure et, la nuit, il invente des machines. Ces inventions vont lui permettre de sortir de cette existence de forçat. Il quitte la ferme familiale et décide de vivre en autonomie dans la nature. Il quitte le Wisconsin et sillonne le pays à pied jusqu’en Floride, puis rejoint la Californie.

C’est son premier voyage, il ne cessera de parcourir le monde. Il marche, observe et s’émerveille. Il s’interroge sur le sens de la vie dans la nouvelle société industrielle et y répond par son propre mode de vie. John Muir est un marcheur actif contemplatif.

Alexis Jenni restitue magnifiquement cet univers. J’ai envie de le citer. Après un accident où J. Muir faillit perdre la vue, l’auteur écrit :

« Il put lire, herboriser de nouveau, c’était moins grave que prévu, et il décida de ne plus attendre, car l’avenir peut disparaître en un instant et n’avoir jamais lieu «

Plus loin A. Jenni parle de l’écriture, la sienne ou celle de John Muir ?

« L’écriture est une invention. Si les livres de Muir sont puissants, ce n’est pas par ce qu’il a vécu et qu’il raconte, cela ne concerne que lui, mais par le prodigieux talent qu’il a pour les écrire. Parce que des voyageurs, le monde en est plein, la plupart ont disparu sans léguer ce qu’ils ont vu et compris, sinon autour d’un verre entourés d’autres ivrognes qui ne les croient qu’à moitié. John Muir est un écrivain de la nature et parvenir jusqu’à lui se fait en traversant ses pages plutôt qu’en suivant ses traces. «

Que dire de plus sur ce livre ? Sinon qu’il faut le lire, se laisser emporter et suivre les pas du promeneur solitaire. C’est passionnant d’un bout à l’autre. Le personnage et le biographe se confondent et c’est bien ce qui fait une biographie réussie.

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CREDIT PHOTO : LA-CROIX.COM