Pourquoi je ne finirai pas ce livre.
Niveau lecture, je ne suis pas une mauviette.
J’aime les romans durs. Ceux qui déchirent le cœur et les tripes.
Qu’ils soient noirs ou pas, j’aime les romans forts.
J’avais dévoré à l’époque « De sang froid « de Truman Capote.
Celui-ci me laisse sur le carreau.
Ce premier roman a eu, dès sa sortie, une presse élogieuse et en plus, paraissant chez Gallmeister, c’était pour moi, un gage de qualité.
Je lis ce livre la boule au ventre.
Dès les premières pages, je suis avec Turtle, jeune fille de 14 ans élevée par son père.
Turtle et sa misérable vie dans sa maison délabrée entourée de végétation luxuriante et vénéneuse.
Son père est un survivaliste qui élève et abuse de sa fille.
Le décor est planté avec force.
La misère, le lycée, la saleté, les abus, les armes partout comme des jouets, la maison déglinguée, la solitude.
Les choses sont dites avec netteté, sans mélodrame et tout de suite inoubliables.
La fuite de Turtle dans la forêt pourrait être une page où l’on respire mais la présence omniprésente et menaçante du père qui peut surgir derrière chaque arbre, m’empêche de respirer.
La fascination de Turtle pour les armes, censées être un objet de résilience, augmente encore l’angoisse, à tout moment un coup de feu peut partir.
Quelques personnages bénéfiques pour Turtle font de trop brèves apparitions.
Les huis-clos avec son père après l’école estinsoutenable.
Pourtant c’est un « Putain » de bon roman puisqu’il me met dans cet état.
Si j’arrive à ressentir l’atmosphère oppressante de ce roman c’est qu’elle est magnifiquement décrite.
C’est donc un bon roman puisqu’il me hante et me poursuit même quand je lereferme.
Heureusement il y a des pages magnifiques quand Turtle s’échappe ou se promène dans la nature.
Mais il n’y en a pas assez, elles ne me permettent pas de reprendre mon souffle, de respirer à fond.
Je me suis arrêtée à la page 207, à la mort du grand-père.
Stop ! Trop c’est trop !
La mort du grand-père dans une scène apocalyptique, entre Steinbeck et Bukowsky.
Stop ! je m’arrête là .
Ce remarquable Premier roman va poursuive son chemin, sans moi.
Je sens qu’on va vers des pages encore plus terribles et je ne peux pas y aller.
J’ai imaginé plusieurs fins possibles mais mes amies du club de lecture n’ont rien voulu me dévoiler.
Je sens bien qu’elles veulent me pousser à aller au bout de ce roman. Mais je ne peux pas !
Dommage j’aimais bien Turtle.